.: Géomorphologie du golfe :.
Cet
article traite de la morphologie du golfe du Morbihan au cours des derniers
millénaires que celle-ci ait changé, nul n'en doute. Cependant,
les avis sont partagés sur sa physionomie à l'aube de notre ère: La célèbre
bataille des Vénètes, que relate César dans son De bello gallico, c'est-elle
déroulée dans le golfe?
Examinons
le trait de côte du golfe au fil des ages, ainsi que les différents facteurs
géomorphologiques, qui ont présidé à sa lente transformation.
Au maximum de la dernière
glaciation, il y a plus de 20000 ans, à la période Solutréenne, le golfe du
Morbihan n'existait pas. Les eaux retenues dans les gigantesques glaciers
polaires (Celui de l'arctique descendait jusqu'a la latitude de Londres)
avaient provoqué une baisse du niveau océanique de l'ordre de 120 mètres.
A cette époque, les rivières de Vannes,
d'Auray et de Noyalo, devaient se rejoindre quelque part dans le sud de ce qui
deviendra le golfe du Morbihan, avant de se jeter dans l’océan, à une centaine
de kilomètre au sud ouest.
Dès le magdalénien, une lente et irrégulière remonté des océans s’amorce.
Après un dernier assaut du froid, lors du Dryas
III, la glaciation de Wurm se termine elle
entraîne la disparition de la méga faune glacière et celle de la civilisation
des chasseurs cueilleurs de l'épipaléolithique.
Commence alors une époque mal
connue, le mésolithique, ou d'immenses étendues de forêts denses
conquièrent les terres autrefois recouvertes par la steppe et la
toundra.
Au mésolithique, le Golfe du
Morbihan n'existait toujours pas. La remontée du niveau des océans
n'était pas encore suffisante pour noyer le delta des rivières de Vannes,
Noyalo et Auray. Nous en avons pour preuve la présence avérée de
l'habitat mésolithique sur l'îlot-récif de Téviec. A cette époque,
la côte devait se trouver au niveau des îles de Houat et d'Hoedic.
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A la
période suivante, le néolithique, la tourbière fossile sise au large de la
pointe de Kerpenhir (qui a servi à
l'établissement de la séquence pollinique du néolithique local, indicateur de
l'anthropisation du milieu et qui n'était donc pas submergée),
nous apporte des témoignages sur le biotope des premiers constructeurs de
mégalithes. On y lit les traces des premières déforestations, des premières
pâtures, et des premières cultures sur brûlis.
A cette époque, le niveau des plus hautes mers devait atteindre celui des plus
basses mers actuelles, le golfe était alors une zone marécageuse ou devait
commencer à s'individualiser l’ensemble "Ile aux Moines\ Ile d'
class=SpellE>Arz", longé à l'est par la rivière de Noyalo et à
l'ouest par la rivière de Vannes. Elles opéraient leur jonction près de la
"colline de Creizic", non encore insularisée.
La remonté des eaux se poursuivit, submergeant en partie certain
mégalithes (cromlech d'Er Lannic), jusqu'au alentour de 3000 BP ou le
niveau actuel se trouva atteint, à quelques décimètres près (On remarque
cependant, quelques oscillations locales du niveau, jusqu'à la période
contemporaine).
Ce
n'est pas pour cela que, dès cette époque, le golfe avait son visage actuel.
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On connaît relativement bien la vitesse de remontée du niveau des océans:
Ce phénomèneconsidéré isolement n'est pas suffisant, pour avoir
transformé notablement le profil de côte depuis le début de la période historique:
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Il est difficile de
quantifier l'érosion des terrains provoquée par les éléments marins
(décapage de la couche sédimentaire, et loessique, nécessairement importante en
zone de delta fluvial, creusement des fonds et érosion des parois par les
courants de pente, recul du littoral sous l'effet des marées, des tempêtes, des
vents). La dynamique du transfert d'alluvions est aussi difficilement
modélisable (voir les moyens énormes mis en oeuvre pour aboutir à la
compréhension de l'hydrodynamique de la baie du mont Saint Michel) .Les
récentes évolutions des sondes hydrographiques du golfe notamment à l'est de la
pointe du Trec'h, siège d'une importante sédimentation, ainsi que recul actuel
de la côte iloise au niveau de l'anse du Vran et du
bois de Castel Er Guivre en sont une preuve.
Une élévation de quelques
centimètres du niveau moyen des mers, n'a qu'un faible impact sur les côtes
accores, celle ci peu par contre radicalement transformer les côtes alluviales,
de faibles profondeurs, nombreuses dans le golfe. Il n'est pas question de
faire ici un exposé d'hydrographie, mais l'on peu cependant dire qu'une
faible variation des profils de côte de petite hypsométrie, induit une
modification du spectre de la marée, celle-ci change l'amplitude du
marnage, qui, à son tour transforme la géométrie du bassin
, donc... le spectre de marée s'en retrouve modifié ...etc.
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On est en présence de phénomènes cumulatifs difficilement quantifiables,
d'autant plus que la modification de la bathymétrie, entraîne un changement de
la direction des courants et de la dissipation de l'énergie des vagues,
facteurs eux aussi de transformations géomorphologiques. Sur les côtes à
class=SpellE>shorres non battus (baie du Vran), un léger
accroissement du niveau moyen entraîne une amplification de la sédimentation.
Dans le cas ou celle-ci ne garde pas constante la valeur bathymétrique
initiale, le transfert d'énergie cinétique au substrat sédimentaire sous
jacent, ne se fera plus et donc, amplifiera l'érosion côtière.
style='font-family:"Comic Sans MS"'> Il
n'est donc pas possible de se faire une idée de la morphologie passée du golfe
par simple translation verticale des courbes bathymétriques: L'augmentation centimétrique
du niveau moyen ne faisant ici qu'initier un phénomène autoentretenu de
mutation géomorphologique.
style='font-family:"Comic Sans MS"'>Une approche encore plus précise de la
problématique, devrait prendre en compte, sur une grande période, l'évolution
du tapis halophile (salicornia
class=SpellE>herbacea, Puccinellia
class=SpellE>maritima...), facteur de stabilité des fonds faiblement
submergés, ainsi que celui de l'équilibre gravitaire des nappes
phréatiques, qui intervient dans le modelage des cotes marécageuses. On le
voit, le problème est complexe.
Nous pouvons
penser qu'à l'époque de la Tène, les côtes rocheuses
à fortes ou moyennes déclivités avaient sensiblement le même profil qu'aujourd'hui.
Les côtes de faibles hypsométries ont du reculer lorsqu’elles étaient situées à
proximité d'une zone de brassage. Pour les autres, on ne peut en dire grand
chose, la sensibilité aux conditions initiales et aux micros variations étant
trop grande pour autoriser une "rétro-diction"
fiable. Seules des découvertes d'artefacts datables (voir infra: fours a
augets) peuvent nous permettre de préciser localement tel ou tel profils
A l'aube de notre
ère, les avis des (pré)historiens sont partagés: Les uns
considèrent que, le golfe n'existait pas encore, les autres pensent que sa
morphologie était proche de l'actuelle. Le point de vue des premiers est
contredit par la découverte récente de fours à augets sur Illur
(Yves Coppens, avait d'ailleurs signalé la présence d’augets sur l'Ile aux
Moines au début des années soixante).
Le point de vue
des seconds se trouve tempéré par le fait que beaucoup de ces fours à augets
sont localisés sur l'actuelle zone d'estran. On imagine mal une exploitation paludière
dépendre du flux et du reflux, les foyers de chauffe étant deux fois par jour
recouverts par les eaux........
APPLICATION A LA
COTE OUEST DE L'ILE AUX MOINES
Le lieu-dit
"les Trois Fontaines", près de la pointe du Greignon domine une
petite plage qui continue en pente douce jusqu'à une fosse située à cent
cinquante mètres au sud ouest. Au pied de la falaise, près de la zone d'estran
des restes d'augets témoignent d'une activité paludière passée et non datée. Nous
avons plongé dans cette fosse, la paroi abrupte, presque verticale forme un
tombant qui se termine à une profondeur de vingt mètres mesurée à l'étale de
pleine mer de petit coefficient. Cette paroi est sur toute sa hauteur
soumise aux courants de flots ou de jusants. Elle formait probablement il
y a deux mille ans la ligne côtière de l'île. On peut y voir la limite du
lit majeur de l'ancienne rivière de Vannes.
Hervé Créquer, Juin 2002
Une version illustrée et documentée de cet article est
en préparation.
style='font-family:"Comic Sans MS";text-transform:uppercase'>
style='font-size:14.0pt;text-transform:uppercase'>références bibliographiques
style='font-size:14.0pt'>:
Fernand
Verger, Professeur à L'Ecole Normale
Supérieure: Marais et Wadden 1988
André
Rivière: Méthode granulométrique, Dunod
class=GramE> .
Jean-Pierre
Pinot : Le précontinent Breton, thèse d'état 1974,
Lannion imprimeur.
Jean
Pierre Pinot in Claude Gaudillat "Cartes
anciennes de la Bretagne", Coop
class=SpellE>Breiz.
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style='font-family:"Comic Sans MS"'>
style='font-family:"Comic Sans MS"'>
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